- Le Cap Canaille.
Ses falaises maritimes qui sont parmi les plus hautes d'Europe,
culminent à 394 mètres d'altitude; elles offrent de magnifiques
panoramas tout au long de la Route des Crêtes entre Cassis et La
Ciotat.
Fig.14. Le Cap Canaille (Massif de Soubeyran ou Massif de la Canaille à Cassis)
Le soubassement de la falaise, envahi par la végétation
est formé de marnes grises du Cénomanien et
du Turonien inférieur (5) riche en ammonites et
foraminifères, alors que la falaise elle même est
constituée de calcaires blancs à
Rudistes (Vaccinites), intercalés dans des grès
calcaires ferrugineux ocres à stratification
entrecroisée, et des poudingues du Turonien supérieur
(6), indurés et très résistants à l'érosion qui
constituent aussi le Cap de l'Aigle à La Ciotat.
Fig.15. Le Cap Canaille vu de profil.
-La "Couronne de Charlemagne".
Avec le Mont Saoupe et le Cap Canaille, elle constitue une
remarquable ligne de cuestas du Turonien.
Fig.16.
Dominant l'Anse Sainte-Madeleine à Cassis, à
gauche la "Couronne de Charlemagne", à droite le Mont de Saoupe avec son antenne-relais.
Le soubassement de la Couronne de Charlemagne est
constitué de marnes du Turonien inférieur et
moyen, riches en rostres de belemnites, ammonites
et foraminifères; la barre est formée de calcaires
du Turonien supérieur, massifs, riches en rudites
(Hippurites et Radiolites).
Fig.17.
"La Couronne de Charlemagne" vue de la Route des
Crêtes
4. Reconstitution du paléo-milieu
Après des dépôts de sédiments argilo-calcaires dans une mer
assez profonde à l'aptien (marnes (1), cette zone de la Provence émerge à l'albien (lacune de l'Albien) et les grès carbonatés riches en grains de quartz (2) proviennent de dépôts de sables en milieu marin dans une mer peu profonde où vivaient des rudistes. Ces éléments détritiques riches en quartz arrachés au Massif corso-sarde méridional par des fleuves qui coulaient dans une direction sud-nord ont fait l'objet d'épandages sous-marins dans un large
delta
pendant le Cénomanien inférieur. Un sénario identique se répète au Cénomanien.supérieur-Turonien inférieur
avec dépôts de sédiments marneux (3) puis d'éléments
détritiques grossiers (4) dans une baie peu profonde parcourue par des courants (stratification entrecroisée.
-D'autres cuestas turoniennes sont visibles dans le paysage.
-La cuesta près de Ceyreste.
Fig.18. Le
talus est turonien, la barre coniacienne
-La dernière ligne de cuestas est formée par la
cuesta
du Castellet et celle de la Cadière d'Azur au talus marneux et à la barre calcaire riche en rudistes.
Sur la bordure sud du synclinal du Beausset, l'Aptien inférieur
est représenté par les calcaires argileux tendres du Val d'Aren, l'Albien est absent (cette lacune stratigraphique étant dûe à une émersion locale), le Cénomanien inférieur (
Grès
de Sainte-Anne-d'Evenos) formant le talus de la cuesta, alors que la barre de la Jaume (Calcaires à rudistes) appartient au Coniacien; il y a donc ici une lacune du Turonien.
Au centre du synclinal du Beausset se trouvent
les auréoles les plus jeunes, datées du
Valdo-Fuvélien
(c6) de Fontanieu et du Santonien supérieur
(c5M) formant une dépression marneuse.
En
conclusion :
Sur une cinquantaine de kilomètres, le synclinal du Beausset montre une dissymétrie marquée entre son flanc nord qui présente une série complète de
couches sédimentaires faiblement inclinées et son
flanc sud une série réduite (lacunes de l'Albien et du Turonien) de couches redressées.
Essai
de reconstitution paléoécologique et
paléogéographique
Au
Crétacé alors que se déposent dans la mer alpine, située au nord, des faciès marno-calcaires profonds,
au sud se trouve une mer chaude, peu profonde.
Au
Crétacé inférieur
(145,5 ± 4,0 - 99,6 ± 0,9 Ma), se déposent dans une plate-forme carbonatée des
faciès néritiques dits provençaux (faciès marins littoraux entre 0 et 200 mètres de profondeur), comme les calcaires barrémiens à faciès urgonien, si caractéristiques
des paysages provençaux, où ils forment des barres abruptes, résistantes (Massif
de Carpiagne, Sainte-Baume,
Gros Cerveau,
Faron...).
A l'
Albien, alors qu'au nord une zone émergée
se forme, au sud, un sillon subsident (enfoncement
progressif du fond d'un bassin sédimentaire)
est-ouest apparaît, dans lequel une sédimentation
profonde donne des calcaires à ammonites (n6a) (La
Bédoule).
A la Simaille, la présence de calcaires
bioclastiques (formés d'éléments fossiles) à
matériel urgonien remanié, à orbitolines et
rudistes, atteste d'un soulèvement de la ride
urgonienne de la Toulousane près de Sainte-Anne
d'Evenos.
A ce niveau, pendant la sédimentation, on enregistre
des mouvements tectoniques intéressant le socle
méridional.
-Au
Crétacé supérieur
(99,6 ± 0,9 - 65,5 ± 0,3 Ma), pendant le
Cénomanien
inférieur (c2a), la série marine
est réduite dans cette zone sud, à des grès et des sables siliceux à orbitolines (
sables
du Val d'Aren), alors qu'au nord elle est
complète ("Banc des Lombards à Cassis cf.
ci-dessous).
Au
Cénomanien supérieur
la présence de calcaires à Rudistes (cuesta de la Marcouline) (c2R) témoigne de la
transgression du Golfe de Basse Provence sur le versant sud de
la zone émergée (flèche bleue de la carte
ci-dessous).
La mer est chaude, ouverte avec de vrais récifs (
biostromes
ou récifs lenticulaires et biohermes ou récifs en
bancs continus riches en
Caprina
(rudiste).
Fig.19.
Le bioherme de la carrière "Comte" à
Roquefort-La-Bédoule (Bouches du Rhône).
Au
Turonien alors que la sédimentation est récifale avec
abondance de Rudistes des genres
Hippurites
et
Radiolites, et que les apports
terrigènes (provenant d'éléments arrachés à
une terre émergée) s'accroissent, au sud, sur
une zone haute, il y a une
surface
de discontinuité L2 marquée par une
croûte ferrugineuse de quelques cm d'épaisseur
au Gros Cerveau et de plusieurs mètres au Mont
Caume.
Au nord, de Cassis à La Ciotat, le Massif de
Canaille présente des terrains et des figures
sédimentaires caractéristiques de dépôts
détritiques arrachés à un massif situé au sud
de la Provence actuelle par un fleuve coulant
vers le NE et étalés dans un delta
sous-marin.,
Au Sénonien
inférieur (Coniacien), des
mouvements tectoniques font rejouer les rides
albiennes et les variations de profondeur du
golfe, permettent l'installation de récifs à
Rudistes (
Hippurites et
Radiolites)
en bancs (
Barre
de la Jaume) (c2R)) ou sous forme d'amas
lenticulaires (c4R) au dessus des rides.
Fig.
20. Bordure sud du Bassin Sud-Provençal
= Marge Nord-Toulonnaise
1. Bombement Durancien
2. Plate-forme carbonatée au Cénomanien
supérieur
3. Bassin Sud-Provençal
4.Massif méridional
5. Apports détritiques siliceux arrachés à la
plate-forme carbonatée
6. Apports terrigènes (arrachés par
l'érosion au Massif méridional
7. Extension de la plate-forme carbonatée
au Turronien supérieur
8. Extension de la plate-forme
carbonatée au Coniacien
Au
Santonien (c5M),
la sédimentation marine subrécifale
deltaïque terrigène domine et le sillon
sud provençal se comble progressivement
par des apports détritiques provenant du
massif méridional alors que les barres
récifales se découvrent. La fin du
Santonien et le Campanien (Calcaires
marneux à débris de Mollusques et passées
de lignite de
Fontanieu
(Valdo-Fuvélien) (c6) témoignent d'un
passage progressif d'une sédimentation
marine, à une sédimentation
fluvio-lacustre puis à une sédimentation
continentale. La
régression de la
mer est généralisée et le Golfe de basse
Provence se comble.
Ainsi un épisode sédimentaire est-il
encadré d'une transgression et d'une
régression, l'ensemble formant un
cycle
sédimentaire.
Au
Maestrichtien,
la Provence émerge définitivement, suite à
des serrages engendrés par les premiers
mouvements tectoniques pyrénéo-provençaux,
alors que la couverture sédimentaire se
plisse.
En résumé:
Fig.21.
5. Une curiosité géologique : "le lambeau de recouvrement du
Vieux-Beausset
Fig. 22. Le lambeau de
recouvrement du Vieux Beausset.
1. Ancienne carrière
de calcaire à Rudistes (Barrémien à
faciès urgonien n4U)
2. La barre de la
Jaume (Calcaires à
Rudistes.
Coniacien c4R)
3. Grès et sables.
Cénomanien inférieur (c2a )
4. Calcaire marneux
à silex et Céphalopodes. Aptien (n6) et
la ferme "La Toulousane"
5. Le lambeau de
recouvrement du Vieux Beausset. La
butte qui porte la chapelle est un
lambeau de Trias moyen (calcaires
On peut voir, un lambeau de gypse sur un petit
terre-plein, sur la dernière ligne droite menant à la
chapelle.
Il
avance l'hypothèse qu'il s'agit d'un " lambeau
de recouvrement "ou klippe, c'est à
dire d'un reste d'une nappe de charriage,
provoquée par des mouvements tectoniques et
démantelée par l'érosion.
Une
nappe de charriage étant un grand chevauchement,
c'est à dire un recouvrement de terrains par
d'autres par l'intermédiaire d'un contact
anormal.